"Dès qu'il y a des aides, il y a hausse des prix": trop d'effets pervers et d'abus pour MaPrimeRenov'?

Les artisans de la rénovation énergétique sont en colère contre la suspension au 1er juillet de MaPrimeRenov’. Une décision prise par le ministre de l’Economie Eric Lombard qui dénonce le nombre de dossiers frauduleux, alors que le nombre de logements rénovés avec des subventions de MaPrimeRénov' a triplé au premier trimestre par rapport à la même période de 2024.

Mais certains artisans se félicitent de cette décision estimant que les aides auraient poussé à des travaux inutiles et des hausses des prix. C'est le cas de Mickaël, chauffagiste dans le Rhône, responsable d'une société qui a constaté des abus du côté des clients comme des fournisseurs: "Dans le cadre du chauffage, ce n'est pas une mauvaise nouvelle, bien au contraire", assure-t-il ce vendredi sur RMC Story.

"Quand on est RGE (Reconnu garant de l'environnement, un label de qualité) on apprend que c'est l'isolation avant toute chose. Et dans le chauffage je vois bien que le choix technique n'est plus mis en avant. La seule chose mise en avant, c'est l'aide financière", déplore-t-il.

Des effets pervers connus avant MaPrimeRenov' avec les aides dans le photovoltaïque ou le crédit d'impôt sur certaines chaudières: "Quand il y a des aides, il y a une inflation des prix. Les prix du matériel augmentent, et quand tout cesse, ils baissent", poursuit Mickaël.

"C’est un effet classique comme les aides au logement qui font monter le prix des loyers", abonde le spécialiste de l'économie de RMC, Emmanuel Lechypre.

Cette baisse des prix à la fin des aides, Gilles, auditeur RMC, vient justement de le constater: "Je voulais installer des panneaux photovoltaïques pour réduire ma consommation électrique. On avait un devis à 13.700 euros et à l'annonce de l'arrêt de MaPrimeRenov', le commercial m'a rappelé et m'a dit qu'il passait à 11.000 euros", raconte-t-il, estimant ainsi que son devis était "complètement" gonflé par les aides. "Ces artisans disent aux gens, 'vous vous en foutez du devis, ça ne va vous coûter que 1 euro, c'est l'Etat qui paie le reste'", déplore Gilles.

Vincent, artisan dans une société de pompes à chaleur, reconnaît que la fin de MaPrimeRenov' va lui faire du mal: "Ce n'est pas une bonne chose mais il y a bien plus de fraudes qu'annoncées", tacle-t-il. "Les commerciaux font le dossier MaPrimeRenov' pour les clients qui ne peuvent plus signer ailleurs. Il y a aussi les conflits d'intérêts avec la personne qui fait le diagnostic et qui dit qu'il faut faire des travaux d'isolation. Et il a comme par hasard une autre société qui fait ces travaux".

Mickaël évoque aussi des abus du côté des clients: "En tant que prescripteur et pas vendeur d'aides, je suis content qu'on remette du bon sens, qu'on ne me parle pas d'aide en rendez-vous clientèle mais des besoins du logement, du choix technique et pas des aides financières". Il se souvient de cas de clients ayant remplacé leur chaudière 5 ans auparavant avec un crédit d'impôt, qui souhaitent une pompe à chaleur avec l'aide de MaPrimeRenov' malgré un matériel de chauffage toujours performant.

Si malgré tout certains sont tentés d'effectuer des travaux de rénovation énergétique, ils peuvent déposer un dossier de subvention MaPrimeRenov' jusqu'au 1er juillet avant la suspension du dispositif.